Les escargots en aquarium : amis ou ennemis ?
Faut-il adopter des escargots et lesquels choisir ?
Les escargots sont rarement absents de nos aquariums, poubellariums ou bassins.
Soit parce qu’on les a volontairement introduits, soit qu’ils soient arrivés en passagers clandestins accrochés à une plante, voire sur la patte d’un oiseau qui vous rapporte un peu de la boue de la mare voisine !
Dans presque tous les cas, l’introduction de ces escargots, volontaire ou non, est suivie de l’apparition rapide d’une solide population.
Cela démontre à la fois la prolificité de ces animaux, mais surtout leur utilité dans nos petits écosystèmes.
En effet, s’ils s’installent si facilement, c’est qu’ils occupent une place vide. C’est ce que l’on appelle une « niche écologique » vacante.
Nos poissons se nourrissent de toute la microfaune qui fait normalement le travail de dégradation des déchets. Elle n’est donc plus là, en général, pour remplir cette fonction, et les escargots, protégés par leur coquille, sont alors infiniment précieux pour faire disparaître les déchets.
Les escargots sont donc doublement indispensables, puisqu’ils sont bien souvent la seule micro-faune que les poissons tolèrent sans la dévorer !
Sans eux, le cycle biologique ne peut se boucler, et un poisson mort qu’on n’aurait pas retiré devra se décomposer entièrement par le fait des bactéries, et donc trop lentement, en polluant énormément tout le milieu.
Dans les bassins peuplés de poissons, c’est également vrai, même si un peu de micro-faune parvient parfois à échapper à leur appétit et n’est donc pas totalement inexistante.
Mais, globalement, les escargots sont une des seules solutions pour assurer les cycles biologiques dans un écosystème où les poissons sont plus nombreux que dans la nature, ce qui est le cas de tous nos aquariums, poubellariums et bassins.
Rappelons que, dans la nature, il n’y a même pas un poisson pour 10.000 litres !
Dans une certaine mesure, les escargots mangent également les algues. Généralement, ils ne pourront toutefois qu’en limiter le développement, mais leur omniprésence à toute heure sur les plantes, vitres et autres supports tient en respect les algues, Quant aux plantes, certaines espèces les grignoteront plus que d’autres. D’autres n’y toucheront pas du tout, se nourrissant exclusivement de tissus morts et jamais de parties vivantes.
En ce qui concerne les conditions de maintenance, ils redoutent seulement l’eau excessivement douce et acide, qui peut dans certains cas être agressive pour leur coquille. Les espèces exotiques doivent être maintenues en intérieur en hiver, ce qui n’est pas le cas des autres qui peuvent passer l’hiver en bassin dans nos régions.
Petit inventaire :
La planorbe (Planorbarius corneus)
Cet escargot est de taille respectable une fois adulte, pouvant atteindre 15 mm de diamètre, voire plus exceptionnellement. Sa coquille brune en spirale est plate et il peut se décliner en couleurs différentes comme le bleu ou le rose, selon la répartition de la mélanine sur son corps et/ou sur la coquille. La couleur est génétique et héréditaire.
La planorbe respire dans l’air car elle possède un poumon. Elle remonte donc périodiquement respirer en surface et c’est la raison pour laquelle elle est capable de survivre dans des eaux très pauvres en oxygène.
Sa maintenance est plus qu’aisée : les paramètres de l’eau sont indifférents, et elle supporte également l’eau douce et acide. La planorbe peut parfaitement passer l’hiver en bassin extérieur, où elle ira vivre au ralenti sur le fond, là où la température reste moins glaciale.
Elle est très prolifique, pondant ses œufs sur les parois, supports, vitres et plantes. Il s’agit d’amas translucides assez plats. Chaque individu est à la fois mâle et femelle, mais doit en rencontrer un second pour s’accoupler. Les deux individus pourront ensuite pondre.
La population devient nombreuse si les déchets sont nombreux, par exemple si vous nourrissez vos poissons en excès. Leur nombre est alors ce qui sauve l’aquarium de la pollution. Mais si l’aquarium est très propre et que les ressources commencent à manquer, les adultes mangeront les plus petits sortis de l’œuf, et la population se régulera ainsi d’elle-même.
La planorbe est essentiellement une végétarienne détritivore et ne grignote les plantes qu’en cas de disette grave. Car elle mange normalement seulement des tissus morts ou des algues.
La physe (Stenophysa marmorata)
La Physe est un très petit escargot, mesurant presque toujours moins d’un centimètre. Elle est très commune dans tous les écosystèmes aquatiques. Sa petite taille la rend plutôt discrète en aquarium.
Elle n’est difficile ni pour la température de l’eau ni pour la température, passant l’hiver dehors sans difficulté. Elle compense sa petite taille par son nombre. En effet, elle pond sans cesse des œufs abrités dans un amas gélatineux transparent.
Comme la planorbe, elle respire dans l’air et revient donc souvent en surface.
On la voit souvent nager sous la surface sur le dos : ce comportement consiste en réalité pour elle à consommer le film bactérien qui se forme en surface. Ce qui la rend absolument indispensable dans les aquariums naturels où l’eau bouge peu en surface.
Elle est végétarienne détritivore et ne mange donc pratiquement pas les plantes, se nourrissant de parties mortes et surtout d’algues.
Sa reproduction est assez unique dans le monde animal puisqu’elle est capable de parthénogénèse. Un seul escargot peut alors, sans avoir à s’accoupler, donner naissance à d’autres individus ! Sinon, comme la planorbe, chaque individu est porteur des deux sexes et s’accouple avec un autre afin que les deux puissent pondre.
Le mélanoïde (Melanoides tuberculata)
C’est le fameux escargot « pointu » de nos aquariums !
D’origine tropicale, le mélanoïde ne supportera pas l’hiver en extérieur.
C’est un escargot inféodé au substrat, qui ne pourra pas se reproduire s’il ne peut s’enfouir dans le sol, qu’il s’agisse de terre ou de sable. Il y passe d’ailleurs une bonne partie de la journée, sortant un peu plus souvent de nuit. Son déplacement est lent et il se laisse tomber au fond au moindre contact . Sa inlassable travail de fouisseur permet de brasser avec une lenteur et une douceur infinies le substrat, éliminant les poches de fermentation et apportant les éléments divers aux racines des plantes.
Une eau trop douce ou acide peut attaquer la pointe de sa coquille.
Le mélanoïde n’a aucun besoin de respirer en surface : il respire sous l’eau avec des branchies, comme les poissons.
Cet escargot ne mange QUE des détritus, et TOUS les détritus !
Comme la physe, il peut se reproduire par parthénogénèse, c’est-à-dire seul et sans aucun accouplement. Ce pouvoir est réservé aux seules femelles, cet escargot ayant des sexes séparés, contrairement à la planorbe et à la physe. Les mâles sont donc défavorisés et, dans les faits, assez peu nombreux.
Lorsque les mélanoïdes rentrent dans leur coquille, un opercule se referme à la façon d’une porte. Ils sont donc très bien protégés et pratiquement invulnérables aux poissons.
La grande Limnée (Lymnaea stagnalis)
Cet escargot très grand (jusqu'à 5-6 cm !) est un peu à part en aquariophilie.
La grande Limnée est superbe, avec sa silhouette longue et pointue et sa robe brun sombre.
Elle ne passe pas inaperçue !
C’est un escargot indigène, qui peut passer sans aucun problème l’hiver en extérieur. En aquarium, on lui évitera les bacs trop chauffés, dépassant les 25 ou 26°C.
Dotée d’un poumon, elle respire en surface. Il n’est d’ailleurs pas rare de la voir prendre l’air hors du bassin, posée sur une branche flottante ou une feuille émergée.
Peu discrète, il est facile de la voir se promener, en aquarium comme en bassin. Sa nage sur le dos, lorsqu’elle mange le film bactérien en surface, est assez irrésistible !
Les individus portent les deux sexes, s’accouplent à deux, puis pondent abondamment. La grande Limnée est donc très prolifique.
C’est peut-être l’escargot le plus vorace en algues, mais on lui reproche de s’attaquer également aux plantes. C’est en bonne partie vrai : chaque médaille a son revers. Cette voracité est très appréciée en bassin où algues comme plantes sont rapidement envahissantes…
Son talon d’Achille est que, contrairement au mélanoïde, la nature ne lui a pas donné d’opercule lorsqu’elle rentre dans sa coquille. Ce qui, face à certains poissons carnassiers très insistants, peut dans certains cas en faire une proie.
Mattier, 9 juillet 2023
Le Club Premium est gratuit ! 👑
Bénéficiez gratuitement et en avant-première de conseils, d'exclusivités et de différentes ventes flash sur l'aquariophilie naturelle.