Faire mieux démarrer ses plantes ?

Pourquoi les plantes « du copain » reprennent mieux ?

F. Mattier

Je suis un vieil aquariophile, et j’ai donc connu l’époque où Internet n’existait même pas en rêve !

Les aquariophiles étaient réduits à faire confiance au marchand (parfois, c’était le même magasin qui faisait la chasse et la pêche !), et acheter des livres très chers ou les emprunter à la bibliothèque municipale.

Impossible donc de se procurer la plupart des espèces de poissons ou de plantes un peu moins courantes que le guppy ou le scalaire !

 

Les fournisseurs, outre le marchand dont les conseils étaient très discutables, étaient donc bien souvent les copains. On allait prendre le goûter après l’école chez un copain, on passait une bonne heure ensemble à regarder son aquarium, à rêver de tout ce qu’on n’avait pas, et à chercher ce qu’il pourrait nous fournir que nous n’avions pas.

Souvent, on repartait avec quelques pieds de plantes qu’on avait trouvées spécialement luxuriantes dans son aquarium, et qu’il avait donc en quantité.

 

Ce qu’on remarquait, c’était que ces plantes-là, celles « du copain », reprenaient généralement bien mieux que celles du marchand, qui végétaient bien souvent, et disparaissaient au fil du temps. Jamais celles-ci ne tenaient les promesses des photos du livre ou du poster du marchand !

Depuis, j’ai toujours été frappé par cela.

Ah ! Cette mousse de Java de mon copain Olivier, et ces cryptocorynes de mon pote Pierre !

 

L’explication, je ne suis en train de la découvrir que depuis une dizaine d’années, avec les pistes offertes par des avancées agronomiques très récentes.

Ingénieur agro de formation, je suis de très près les découvertes actuelles concernant le microbiote (la « rhizosphère ») des plantes.

Certains résineux que les colons avaient apportés d’Europe en Amérique pour produire du bois ne poussaient pas là-bas, et mouraient rapidement. Mais, lorsque ces mêmes colons ont fait venir, avec les plants, un peu de leur terre d’origine, en quantité suffisante pour rester « vivante » et humide, tout changeait ! Car les micro-organismes nécessaires à cette espèce d’arbres n’existaient pas en Amérique, et les arbres ne poussaient donc pas.

Mon expérience en aquarium me montre que des plantes aquatiques connaissent des phénomènes comparables.


La plante du marchand de ma jeunesse, cultivée en Hollande, arrachée et lavée, promenée du grossiste au magasin, n’avait plus son microbiote qu’elle aimait tant. Le choc au replantage était énorme, et elle le surmontait rarement.

De même lorsqu’elle était cultivée « in vitro ». Cette technique de culture en laboratoire vise à éviter toute algue, toute contamination. Mais elle ignore justement qu’une plante pousse, une fois quitté le labo, au milieu de micro-organismes et grâce à eux. La vie en laboratoire ne lui a pas appris à vivre avec eux.

Les plantes de mes copains, elles, n’avaient qu’à traverser la rue dans un vieux pot à moutarde avec un peu de leur sable et de leur eau !

 

Depuis la création d’Aquazolla, j’inspecte visuellement les plantes à la lumière (pour les débarrasser de tout corps étranger éventuel), mais je m’interdis de les laver, et encore moins de les « désinfecter ». Cela les priverait de ces millions de bactéries amies qui lui ont permis de si bien pousser, présentes sur les racines, mais aussi sur toute la surface des feuilles.

La vie est belle, elle est complexe, et vouloir la rendre trop simple ne lui rend pas service !

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2 commentaires

Merci pour ce mini reportage.
Paléo-aquariophile moi-même, je suis depuis longtemps convaincu de l’interaction de la plante et de son milieu. Une vision holistique qui manque cruellement à l’aquariophile lambda.

Grand-père

Bonjour , je partage entièrement cet avis . Ce sont sur les bucephalendras que j’ai pu le mieux observer ce phénomène entre les in vitro et celles qui avaient du vécu . j’ai lu ,pour reprendre l’exemple des plantes terrestres qu’elles finissent par produire des enzymes qui les protègent des algues ou parasites. Je crois qu’on a ce phénomène sur le chêne avec le gui par exemple .
Et aussi le bouleau qui a besoin d’avoir un certain type de champignon pour se développer . Il existe des vidéos très intéressantes sur le fait de faire pousser volontairement des algues pour mieux les comprendre . A titre personnel , je considère les algues comme un genre de vaccination de la plante et effectivement avoir un équilibre micro biologique correct permet d’éviter leur prolifération anarchique . A chaque fois que j’ai désinfecter une plante , à l’eau oxygénée par exemple, même si ça a fonctionné sur un court terme , les algues sont revenues . Par contre , curieusement ,en rajoutant des bactéries d’autres bacs grâce à des vieux filtres mâture , en réadaptant l’éclairage et en apportant de la microfone , le problème a été réglé durablement . Bien sûr , il ne faut pas craindre les parasites mais certains aquariophiles préconisent carrément d’aller chercher de la vase dans des endroits de nature non pollués au démarrage d’un bac . Je n’ai jamais eu de soucis notable sur la santé des poissons à faire ceci.
Est-ce une technique plus judicieuse à effectuer en hivers par temps de gel ou en été lorsque l’activité bactériologique bat son plein ?

Hémery

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