Lutter contre les algues avec des plantes

Les algues sont un phénomène naturel. Elles sont normalement présentes dans tous les écosystèmes aquatiques.

Les algues, détestées dans les aquariums et les bassins !

Nous ne les aimons pas dans nos aquariums pour des raisons esthétiques, mais c’est le seul vrai problème qu’elles posent. Bien sûr, dans la subtile concurrence entre plantes et algues, nous n’aimons pas que les algues gagnent, devenant tellement dominantes qu’elles finissent par étouffer nos plantes.

 

Les algues sont omniprésentes dans un aquarium récemment installé.

 

Là encore, c’est un phénomène naturel, transitoire et inévitable.

C’est d'ailleurs le fond de commerce des marchands de flacons magiques généralement sans effet. Si vos algues disparaissent par coïncidence au même moment, ils diront que c’est grâce au produit. Et si elles persistent, ce sera parce que vous n’avez pas respecté certaines règles !

 

Personnellement, je n’ai jamais été très convaincu par le réflexe qui consiste, en présence d’un « problème » (algues, bestioles qui font peur, escargots…), à tuer le problème, en oubliant qu’il fait partie d’un système complexe qui l’a amené là, l’a nourri et l’a favorisé.

D’autant plus qu’il n’existe aucun produit actif (biocide) qui n’ait pas d’effet secondaire sur d’autres espèces, au moins microbiennes.

Et alors, vous retournez chez le marchand pour acheter le flacon suivant, censé régler le problème suivant, en réalité causé par le premier !

 

En ce qui me concerne, je ne lutte pas toujours contre les algues.

Dans mes aquariums les plus naturels, je les laisse venir et disparaître d’elles-mêmes. Puis l’aquarium vieillit et seules quelques Cladophoras discrètes persistent, qui ne font de mal à personne !

Lorsque je démarre un aquarium, sachant que la première année sera inévitablement mouvementée (l’équilibre ne se décrète pas, il se cherche et se trouve seul), j’utilise une arme naturelle pour tempérer les excès.

Des plantes nettement anti-algues

Depuis ma jeunesse, j’ai remarqué que les élodées et l’Egeria najas, qui sont proches cousines, sont presque toujours exemptes d’algues.

On a récemment découvert que ces plantes sécrètent une molécule très proche des antibiotiques, ayant donc un effet contre les cyanobactéries. Comme les cyanobactéries sont classiquement les précurseurs des algues dans un jeune aquarium, la présence de ces plantes semble gêner terriblement l’installation des algues.

 

J’installe donc toujours des tiges de ces deux plantes (car elles ont sans doute une action légèrement différente) dans les aquariums où je veux limiter, voire empêcher les algues.

 

J’ai testé ces dernières années leur action (Egeria najas et élodées) dans des bacs en cours d’envahissement, dans lesquels les cyanobactéries laissent déjà la place aux premières vraies algues.

Le résultat semble assez convaincant. Cela demande un peu de temps mais, au bout de plusieurs semaines, on commence à voir une régression des algues.

Mes quelques aquariums entièrement bourrés d’élodées ou d’Egeria najas sont totalement exempts d’algues.

 

Je pense que ce n’est pas juste l’effet des molécules sécrétées, mais que les algues déjà mal en point sont ensuite mortellement concurrencées par ces plantes à croissance exubérante dont les besoins sont sans doute très proches.

 

Quand les algues n’ont rien à manger et que les plantes leur envoient des nuages de molécules naturelles mais toxiques pour elles, elles insistent déjà moins !

 

 

Jouer la concurrence contre les algues

Car il est vrai également que la concurrence pour les ressources est également féroce entre plantes et algues.

Les algues sont elles-mêmes des plantes, et elles ont des besoins assez proches : azote, phosphore, potassium, lumière... Plus vos plantes consomment ces ressources, moins elles en laissent aux algues.
Cet angle de la lutte naturelle anti-algues peut suffire pour tenir les algues en respect en aquarium low-tech ou en bassin naturel

Dans ce cas, pourquoi ne pas penser, outre l'élodée et l'Egeria najas, à la célèbre Cératophylle, championne de la croissance et donc de la concurrence ? Jolie, résistante au gel en bassin, exubérante tout en laissant passer la lumière, la fameuse Cérato est un excellent candidat au trophée des plantes anti-algues !

La même stratégie peut vous orienter vers la Limnophile, qui a en été une croissance folle et coupe l'herbe sous le pied des algues avec efficacité. Mais la Limnophile craint le froid et, contrairement aux précédentes, ne travaillera qu'été, où elle les surpassera bien souvent.

Autre piste : la guerre du phosphore avec l'Azolla.

Les algues sont favorisées par des taux de phosphates élevés.
Et cela, peu de plantes parviennent à le corriger, puisqu'elles en consomment moins que les algues.
D'où l'intérêt de l'Azolla, plante flottante de bassin ou d'aquarium, qui dévore justement les phosphates. L'Azolla filliculoides est une dépollueuse hors pair, utilisée même à la sortie de certaines installations minières pour nettoyer les eaux de rejet !
Impossible donc, surtout en bassin, de faire l'impasse sur cette plante unique, qui supporte bien souvent toutes les saisons, même si elle pousse encore plus vite en été.

 

Les plantes sont donc un véritable couteau suisse, chacune remplissant un rôle contre les algues des aquariums et des bassins, et toutes se complétant entre elles pour une efficacité maximale.
Et tout ça sans sulfater l’écosystème subtil et fragile de votre aquarium.

 

Pour en savoir davantage sur l'origine des algues en aquarium, un article à lire absolument : D'où viennent les algues en aquarium ?

Et si l'Azolla vous intrigue : L'Azolla, couteau suisse de la nature