Un guppy nageant dans un poubellarium en extérieur, en pleine chasse aux larves de moustique

Guppy : l’anti-moustique ?

F. Mattier

Surnommé « million fish », le guppy a été introduit dans le monde entier pour lutter contre les maladies transmises par les moustiques. Avec quelles limites et quels inconvénients ?

Lorsque j’ai commencé l’aquariophilie (les dinosaures venaient à peine de disparaître !), c’était parce qu’un copain de collège m’avait prêté un livre. On y découvrait les grands principes de base de l’aquarium, et la traditionnelle liste des espèces de poissons avec leur photo.

Et je me souviens encore aujourd’hui de celle du guppy, en haut à gauche de la page que j'avais relue des centaines de fois ! Ce poisson m’avait fasciné, séduit, envoûté. Le texte parlait de lui comme le « million fish » en raison de sa prolificité.

La photo représentait des dizaines de mâles ensemble, serrés comme dans l’aquarium du marchand, et c’était une féerie de couleurs. Le livre disait que ce poisson avait été introduit volontairement dans de nombreux pays en raison de sa voracité vis-à-vis des larves de moustiques, afin de lutter contre le paludisme.

La tristesse des paillettes pour poissons !

Puis j’ai eu des aquariums et des guppies (en français, on devrait écrire « guppys », mais bon). Je les nourrissais avec la seule nourriture disponible à l’époque dans ma ville de province : la tite boîte jaune avec des paillettes pour poissons ! Comme elles étaient loin, les larves de moustique...

Jamais les pauvres guppies de mon adolescence n’ont vu une daphnie ni une larve de moustique, rien de rigolo à chasser ou d’aussi délicieux que dans la nature.

Ma guppette de 2004, celle qui fut la pionnière de la découverte du poubellarium, fut la première à bénéficier de mon envie de mettre fin à cette alimentation industrielle, sèche et artificielle. Je souhaitais qu’elle retrouve une forme de vie sauvage.

Je suppose donc qu’elle a passé l’été à chasser les larves des moustiques qui pondaient dans son poubellarium au fond du jardin.

Le poubellarium : solution anti-moustiques ?

J’ai très vite réalisé que le poubellarium pouvait être l’équivalent de ce qui a été tenté dans de nombreux pays pour lutter contre les moustiques, anophèles porteurs du paludisme et moustique tigre porteur de la dengue, de Zika ou du chikungunya.

Car le guppy est désormais présent dans près de 70 pays hors de sa zone d’origine, introduit presque toujours volontairement, et même parfois sous l’égide de l’OMS.

Mais, si les études montrent bien que le guppy s’installe volontiers et mange des larves de moustique en nombre, elles ne montrent pas de façon certaine qu’il suffise à faire baisser la pression des maladies portées par le moustique.

Le guppy préfère d’autres nourritures vivantes

En réalité, même si le guppy mange des larves de moustique, il préfère de loin les vers de vase, larves du chironome, moustique non piqueur, ainsi que les fameuses daphnies.

Le guppy aurait donc bien une influence sur les écosystèmes mais pas autant qu’on le voudrait sur les populations de moustique.

Au Nigéria, on a même récemment observé une efficacité carrément nulle contre les moustiques piqueurs.

Une population de guppies a été découverte en France métropolitaine, près d’une source thermale (et donc chaude). On constate une pression plutôt pénalisante pour les espèces locales et l’écosystème naturel.

Introduire le guppy dans le milieu naturel est une chose à éviter absolument. Le réchauffement climatique fait que, même en France, nous devons être prudents, afin d’éviter que des poissons « échappés » d’aquariums ne s’installent.

Les poissons en poubellarium : ça marche

Reste que le poubellarium peut être un bon moyen de lutter contre les moustiques.

L’eau stagnante du poubellarium (ou du bassin) attire les femelles moustiques qui vont y pondre. Et cette erreur est fatale à leur descendance, puisque les poissons présents ne laisseront aucune larve.

Car, dans un poubellarium, ils ne peuvent se gaver de vers de vase et se rabattent nécessairement sur ce qu’ils trouvent.

Mais cela fonctionne aussi bien avec des platys, des xiphos, et une multitudes d’autres poissons, bien évidemment.

Lutter contre les moustiques autrement ?

Reste la question éthique.

Si vous offrez un bel été au jardin à des guppies de votre aquarium, alors ils sont nettement gagnants, et vous aussi.

Mais si vous les achetez dans ce but unique, c’est peut-être différent, et un poubellarium sans poissons est sans doute préférable, avec de superbes plantes et des bestioles aquatiques.

Car nous verrons dans un prochain article qu’il existe bien d’autres façons de lutter contre les moustiques attirés par le bassin ou les poubellariums, sans recourir nécessairement aux poissons.


Et ceux qui veulent donner vie à un bassin sans y mettre de poissons, pour profiter d’une faune riche et sauvage, y verront une excellente nouvelle !

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8 comentários

Merci pour ce nouvel article aussi sympa que tous les précédents . Le Guppy reste efficace en poubellarium , en petit comme en moyen bassin . J’ai en RP un 2000 litres et toutes les larves mangées sont autant des moustiques piqueurs de …. moins .
Nota : pour les Passionnées : malgré que mon bassin ait une profondeur de 080 m , les Guppys sont rentrés dès que l’eau atteint 18° .
A bientôt

Patrice Daly

Merci pour cet article très intéressant. J’ai hâte de lire la suite car je me suis lancée récemment dans le poubellarium pour nourrir ma combattante. Et elle adore ! J’ai d’ailleurs trouvé beaucoup de conseil ce votre blog.

Christel

Merci pour vos articles toujours intéressants et scientifiques sans pour autant se “la péter”. J’attends avec hâte l’article sur le poubellarium pour lutter contre les moustiques sans être obligé d’y mettre des poissons…

Cimino

J’attends avec impatience l’article pour lutter contre les moustiques dans un poubellarium… Merci encore pour tous les articles intéressants, scientifiques et surtout… qui ne se “la pète pas” comme d’autres que l’on peut lire ailleurs…

GILBERT CIMINO
Tres bon article, comme les autres, en reponse a winckler, la seule espèce de Gambusie qui tolère et survit l’hiver sous la surface gelee en poubellarium enterré est Gambusia holbrookii, Gambusia affinis est plus fragile.
Alexandre Mourin

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