Comment choisir ses plantes flottantes ?

Comment choisir ses plantes flottantes ?

F. Mattier

 

En bassin comme en aquarium (et même en poubellarium), les plantes flottantes font partie intégrante d’un écosystème aquatique équilibré.

Leur position particulière leur permet de rendre des services qu’elles seules peuvent prodiguer.

En effet, la surface de l'eau, lieu de tous les échanges, est la zone la plus riche en vie et la plus importante des milieux aquatiques.

En bassin, les plantes flottantes sont celles qu’on voit le plus.

En aquarium fermé, ce sont celles que l’on voit le moins en général, à l’exception de leurs racines. Au point qu'on en oublie parfois que la surface est capitale.

 

Les différentes espèces que cultive Aquazolla (d’autres sont en préparation 💪) permettent d’obtenir un panel complet, répondant à la plupart des besoins et services écosystémiques.

 

Les vertus communes aux plantes flottantes sont les suivantes :

- ombrage ou tamisage de la lumière (plus ou moins prononcés).

- grande capacité d’épuration : la réception directe de la lumière, non absorbée par l’eau, rend leur métabolisme très efficace. Elles ont donc une croissance forte et consomment avec avidité les nitrates, phosphates, etc. qui polluent l’eau.

- elles protègent les alevins en les nourrissant. Vivant juste sous la surface, les alevins nouveaux-nés peuvent se cacher entre leurs racines et trouver dans cette « jungle superficielle » les infusoires qu’ils mangent en quantité. Protection et alimentation, donc.

Voici leurs portraits, chaque espèce étant plus ou moins efficace sur chaque mission.

 

La lentille d’eau (Lemna minor)

C’est la plus connue et la plus commune. Sa croissance est très forte, proportionnelle à la lumière, la température et la richesse de l’eau en nitrates.
Elle dépollue donc très fortement quand ces ressources sont disponibles.
Elle a le défaut de ses qualités, puisqu’il est difficile de s’en débarrasser. Un simple fragment suffit à reconstituer une population entière. Mais pourquoi la supprimer totalement ? Il suffit de limiter sa croissance en ramassant l’excès : les nitrates sont transformés en lentilles, et vous les éliminez ainsi facilement du cycle.

Un excès de lentilles peut priver le fond de l’eau de lumière.
Il faut donc veiller à limiter son expansion.
Mais si vous avez des poissons rouges ou des carpes, sachez qu’ils en raffolent et l’éliminent donc d’eux-mêmes avec plaisir !

En extérieur, l’hiver la limite fortement, mais ne l’élimine pas totalement.

 

La grande lentille (Spirodela polyrhiza)

Moins connue et moins répandue que la lentille classique, elle a une croissance un peu plus raisonnable ! Ses feuilles sont bien plus grandes, et un peu rougeâtres en dessous. Ses racines sont un peu plus fournies.

 

Elle est plus facile à contenir que la lentille commune, puisque chaque individu est plus gros : on peut ainsi enlever plus facilement la grande lentille à la main ou avec une épuisette.

En revanche, peu de poissons la mangent. Elle est sans doute trop grosse pour leur bouche.

Pour le reste, elle remplit exactement mes mêmes fonctions que sa cousine.

Elle régresse fortement l’hiver, attendant le printemps sous forme dormante au fond de l’eau.

 

L’Azolla (Azolla caroliniana)

Plante très singulière, l’Azolla est, comme le lichen, une symbiose associant deux espèces : une fougère flottante et une cyanobactérie. C’est cette particularité qui la rend capable de fixer l’azote de l’air, et donc de pousser mêmes dans une eau sans nitrates.
Son pouvoir de dépollution est légendaire, puisqu’elle possède un gène spécifique qui lui permet de fixer les métaux lourds !

Elle est souvent capricieuse.
Avec elle, c'est pile ou face !
Si elle se plaît, elle se développe très vite, mais végète ou disparaît sinon sans raison très évidente.
Sa couleur, de même, varie du rouge sombre au vert avec toutes les nuances intermédiaires, mais c’est elle qui en décide…
Ses « racines » (filaments sombres) assez longues (1 à 3 cm) sont un excellent refuge pour les alevins.
L’Azolla perd ses racines pendant le transport (et donc l’expédition), mais aussi souvent dès qu’on la change de bassin ou d’aquarium. C’est normal, et c’est sa façon de s’adapter aux nouvelles conditions.

Son aspect est superbe en bassin, sa texture unique produisant une magnifique surface veloutée vert-rouge ou rose inimitable.
En aquarium, elle semble ne pas apprécier les couvercles trop proches.

En bassin, elle survit souvent l’hiver, au besoin par des formes dormantes tombant sur le fond.

 

La lentille trilobée (Lemna trisulca)

Cette proche parente de la lentille flotte également, mais SOUS l’eau !

Contrairement à la quasi-totalité des plantes flottantes, ses fines feuilles sont donc immergées. Ce détail change tout, car sa photosynthèse ne se faisant pas dans l’air mais dans l’eau, c’est une plante oxygénante.

Cela lui confère aussi une autre qualité.
Ses feuilles ET ses racines étant aquatiques, elle forme un coussin de plusieurs centimètres dans lequel les alevins sont totalement hors de portée des poissons adultes. Ils y trouvent une sécurité maximale, tout en restant près de la surface et des infusoires qui abondent autour de cette plante flottante.

Peu exigeante en lumière, elle est souvent associée avec d’autres plantes qui l’ombragent un peu, ou dans une zone moins ensoleillée d’un bassin.

Sa croissance est plus lente et limitée que celle des autres lentilles, et elle survit l’hiver en extérieur.

 

La Salvinia (Salvinia natans)

Encore une vraie plante flottante, et quelle plante ! Elle forme des frondes de plusieurs feuilles (6 à 10 en général), qui se fragmentent ensuite pour se multiplier à l’infini.

Elle meurt en hiver en bassin, tuée par le gel.

Son potentiel de croissance est très fort si elle a de la chaleur. Elle forme une surface très particulière, toute en nuances, car les feuilles changent chacune de couleur selon leur âge, allant du vert tendre et vert-brun, sur la même fronde. Mais surtout, la surface des feuilles, absolument imperméable, et recouverte de petit poils lui donne une texture changeante selon la lumière.

Ses racines sont courtes.

En aquarium toute l’année, elle est originale car ses frondes « naviguent » si la surface est animée, et procurent dans ce cas des jeux de lumière tamisée changeants dans l’aquarium.

 

 

Ces quelques descriptions devraient vous aider dans vos choix.

Mais vous pouvez aussi laisser la nature choisir ce qui est pertinent pour votre petit écosystème, en installant une petite quantité de chaque espèce. Vous verrez alors celles qui dominent et prospèrent, et celles qui régressent (pour parfois se rattraper plus tard...).

Dans un bassin, par exemple, certaines espèces prendront place à l’ombre, d’autres se développeront au bord dans une eau peu profonde, ou iront fièrement ombrager le grand large !

 

Vous choisirez ainsi d’être le scénariste ou le contemplateur... ou les deux !

 

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2 commentaires

Quand l’Azolla se plaît, c’est comme les courgettes : il y en a pour les voisins et pour les poules ! 😅

Mattier

Bonjour F.Mattier !
Merci pour cet article passionnant.
J’ai comme vous l’indiquer investi dans quelques azolla, lentilles d’eau et lentilles trilobée
Je les ai installé en intérieur en extérieur, au soleil à l’ombre au nord au sud, un peu partout en poubellarium ou en bassin ou en aquarium
Lorsqu’elles se plaisent, elles se multiplient pour devenir parfois très envahissantes.
Ce sont de vrais refuges à bestioles, ostracodes, vermisseau, aselles, daphnés, physes, planorbe et autres
Je n’ai pas encore d’alevins malheureusement
Donc lorsque je retire les azolla en particulier, je m’assure bien qu’il n’y a pas de bestioles dedans et ensuite je m’en sers comme engrais sur vos conseils avisés
Voilà on commence avec quelques spécimens et ensuite on peut en avoir des centaines
Elles sont magnifiques
Bonne journée à tous les lecteurs

Nadege

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