Stress et bien-être chez nos poissons

Stress et bien-être chez nos poissons

Pascal Campain

Personnellement, je pense qu’un poisson peut ressentir du bonheur, de la joie, etc.
Mais ce n’est à ce jour que mon opinion, même si les études vont chaque jour un peu plus dans ce sens.

Lorsque j’ai commencé l’aquariophilie, ces questions du ressenti des poissons n’étaient même pas envisagées. D’où cette légende de la « mémoire de poisson rouge », alors qu’il est désormais démontré que les poissons peuvent apprendre, utiliser des outils, mémoriser, reconnaître des visages, etc.

Ce qui est certain, c’est au minimum que les poissons ressentent le stress et le bien-être.

On sait aussi que le stress excessif peut tuer n’importe quel animal.

C’est pour une bonne partie la raison de la fragilité des poissons d’aquarium. Leur vie n’est qu’une longue série de stress, de l’élevage à la capture, le(s) transport(s), le magasin, l’arrivée en aquarium, puis la vie en aquarium avec un éclairage artificiel, le bruit artificiel des pompes, des filtres, la captivité dans un volume faible, la compagnie proche d’espèces différentes, et un décor davantage fait pour l’œil humain que pour satisfaire un poisson.

Ce sont ces stress accumulés, et donc toxiques, qui rendent nos poissons ultra-sensibles aux paramètres, aux parasites, à la température, etc.
Dans la nature, un poisson qui s’enfuit à votre arrivée et plonge en profondeur peut perdre 6 degrés de température entre la surface et le fond, en une seule seconde ! Et ceci sans problème pour lui.

L’expérience du poubellarium le prouve : les poissons remis au contact de la nature, rendus à une certaine vie sauvage, deviennent très tolérants à des conditions qui leur seraient fatales en aquarium.

Le lever et le coucher du soleil ne sont pas un allumage artificiel et brusque. Au lieu de deux repas par jour au mieux, faits de paillettes industrielles, le poisson chasse des dizaines d’insectes et de larves diverses chaque jour, de nombreuses sortes différentes. Cette recherche incessante l’occupe.
L’eau souvent opaque le rassure, le cachant à notre regard. De même, les parois opaques rappellent que, dans la nature, seule la surface est transparente !

On peut donc déduire que, comme tous les autres animaux, le stress excessif qui diminue le bien-être est la source des fragilités et des vulnérabilités du poisson. Être heureux est bon pour la santé.
On a démontré qu’un faible niveau de stress procure du plaisir, alors qu’un niveau excessif rend tout stress toxique.
Un poisson qui meurt lors de son acclimatation, au terme d’un parcours international exténuant, meurt en réalité de stress. Et de rien d’autre.

Il est temps de prendre conscience de cette dimension. Il est bien plus efficace pour nos poissons de diminuer leur stress que de manier la mallette de chimiste pour adapter le milieu de façon quasi-clinique.

Un aquarium propre est stressant pour un poisson. Il s’y ennuie.
Supprimer pompes et filtration rend enfin son milieu aquatique un peu plus silencieux, comme dans la nature. Et surtout, le nourrir de microfaune naturelle, comme la nature l’a prévu, le comble de bonheur : recherche, poursuite, excitation, goût, équilibre et complexité nutritionnelle…

 

Il n’est plus possible de considérer les poissons autrement que comme des êtres sensibles, ayant droit au bien-être. Et cela doit nous amener à repenser les pratiques aquariophiles.

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2 commentaires

Je partage cette idée que nous ne ferons jamais mieux que la nature qui a l’expérience de plusieurs millions d’années d’évolution, où les organismes vivants ont coexisté ensemble pour atteindre une harmonie parfaite et subtile entre mutualisme, parasitisme et symbiose…
Nos petites certitudes et technologies arrogantes qui ont pour vocation de servir notre égo, ne sont rien à côté…
Bon sens, humilité et émerveillement… Nous avons tellement à observer et à apprendre !
Merci pour votre approche révolutionnaire du monde aquariophile

DONARS Frédéric

Il n’y a effectivement que peu d’études et articles sur leur capacité à ressentir, mémoriser et reconnaître.
Tout ce que je peux dire c’est que parmi mes quelques poissons certains sont particulièrement réactifs à ma présence dont un qui se rapproche systématiquement à la surface bouche ouverte pour recevoir une friandise. Il ne me fuit jamais au contraire. Notre peau est couverte d’enzymes, acides aminés, molécules diverses et variées qui dans l’eau doivent dégager quelque chose de particulier propre à chacun car selon qui met les mains dans l’eau, les poissons viennent ou pas.
Réflexe conditionné, capacité à ressentir des émotions, je ne sais pas, mais ce dont je suis certaine c’est qu’ils ont chacun leur personnalité et qu’ils peuvent faire preuve d’ingéniosité lorsque quelque chose les intéresse.
Mon petit chouchou se souvient peut-être que lorsqu’il est arrivé dans mon bassin c’était le plus timide et le plus chétif et que je lui mettais tout à coté de lui un peu de nourriture pour qu’il survive face aux autres qui le chassaient, car oui ils ont une hiérarchie dans leur groupe !
Aujourd’hui même si il reste le plus petit, il a fait sa place.

NADEGE

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