Le Tanichthys, si heureux dehors !

Le Tanichthys, si heureux dehors !

F. Mattier

Le Tanichthys, aussi appelé « néon du pauvre », est un poisson phare de l’aquariophilie naturelle.

Après ma femelle guppy en 2004 qui a permis de créer le concept de poubellarium un peu par hasard, le Tanichthys a été le premier poisson évident pour poursuivre l’aventure.

Il était réputé vivre entre 5 et 26°C dans mon manuel d’aquariophilie.
Quelques recherches sur son biotope d’origine m’ont convaincu qu’il était le candidat idéal pour vivre dehors à l’année.

En effet, dans les montagnes chinoises où il vivait avant de presque en disparaître, il affrontait un climat assez proche du nôtre. Les petits cours d’eau où on le trouvait serpentaient en hiver entre des berges couvertes de neige, et l’eau ne gelait pas juste car elle était en mouvement.

Ce petit poisson qui aime vivre en groupes a des besoins limités. Son poids plus de 200 fois inférieur à celui d’un poisson rouge en dit long sur son métabolisme. Quelques larves de moustique, des daphnies et quelques vers tombés des berges lui suffisent. Rendez-vous compte : un banc de 200 Tanichtys a le même poids vif qu’un seul pauvre poisson rouge !

Alors qu’un poisson rouge tourne en rond dans les 1.000 litres d’un petit bassin, vos Tanichthys y ont assez de place pour nager dans tous les sens, se poursuivre, frayer, etc. Quelques bouquets de plantes sont vite pour eux une petite jungle…

Et, alors que la plupart de mes poissons ne pouvaient passer que l’été dehors en poubellarium, les Tanichthys peuvent rester dehors en permanence. Puisque la question de les récupérer en fin de saison ne se pose pas, il devient alors possible de leur offrir un vrai bassin, un terrain de jeu quasi-naturel et immense à leur échelle.


En hiver, ils évoluent sous la glace de la surface, dans des conditions assez proches de leurs origines, vivant alors avec un métabolisme ralenti.
Ces températures plus froides leur procurent une durée de vie supérieure à celle qu’ils auraient en aquarium, à 24°C à l’année. En effet, le métabolisme d’un poisson ralentit ou accélère selon la température environnante (animaux « à sang froid ») et celui-ci est fait pour affronter des saisons froides contrairement aux poissons d’origine tropicale.

J’ai personnellement une préférence pour la variété voile (« long-fin »), dont les nageoires sont plus longues mais de façon très raisonnable. Sa silhouette reste harmonieuse et naturelle et ses couleurs sont légèrement plus vives. Mais un Tani à qui on rend la vie sauvage prend de toute façon des couleurs presque inconnues en aquarium. Le bonheur rend nos poissons plus beaux…

Vous en profiterez peu, puisque la nature lui a donné un dos vert-olive destiné à le camoufler aux yeux des prédateurs de la berge, qui le voient d’en-haut.

Votre plaisir viendra plutôt de le savoir heureux, de deviner les groupes circulant entre les plantes. Un fond clair (galets, sable…) les rendra beaucoup plus visibles.

Ces poissons sont assez petits également pour ne pas dévorer tout ce qui vit dans votre bassin. Même s’il est très important de ne jamais les introduire dans une mare (une mare naturelle ne devrait pas recevoir de poissons), vous pouvez, avec un joli bassin, constituer une très jolie mini-mare, plantée et même fleurie, qui attirera libellules, grenouilles voire même tritons, vos Tanichthys étant par leur taille capables de ne pas éradiquer les autres espèces. Encore un énorme avantage sur les poissons rouges.

Et pour en être encore plus certains, introduisez juste un joyeuse bande de 20 Tanichthys dans un bassin de 1.000 ou 2.000 litres. Ils formeront un banc observable de la berge, tout en laissant la place à toutes les autres formes de vie.

L’aquariophilie naturelle que défend Aquazolla vise à donner vie à l’eau, pas à stériliser des écosystèmes !

Si vous en mettiez davantage (la tentation est grande !), vous devriez alors les nourrir réellement, les ressources du bassin ne suffisant plus. Ce compromis leur permettra de disposer en permanence de quelques daphnies selon la saison, d’ostracodes faisant leur vie sur le fond, etc.

Bien-être des poissons, plaisir de les savoir heureux à l’année et se reproduisant naturellement, compatibilité avec un écosystème aquatique de jardin… Ce poisson a en réalité toutes les qualités pour devenir le discret habitant d’un monde à la limite du sauvage et du familier, celui qui nous est accessible tout en nous réservant chaque jour les surprises que seule la nature sait nous procurer.

Retour au blog

1 commentaire

Bonjour ,
Comme d’habitude excellent article . Pour ma part j’ai choisi les Notropis Chrosomus pour mon bassin de 2000 en RP . Le Tanichthys sont en aquarium .

Patrice Daly

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.