Vive les aquariofilles !

Aquariophile depuis plus de quarante ans, j’ai vu l’évolution de ce petit monde.

Lorsque j’étais au collège, j’ai le souvenir que nous n’étions que quelques garçons intéressés par les aquariums.
Chez le fameux marchand, c’était pareil, on ne rencontrait que des garçons ou des hommes.

Des années de recul m’ont permis de comprendre le désintérêt des filles et des femmes pour ce loisir.
L’aquariophilie était surtout orientée vers la technologie.
Entendre des passionnés parler, c’était une succession de chiffres et de caractéristiques techniques.
De la puissance et du débit du filtre au volume de l’aquarium, en passant par les sacro-saints paramètres, c’était à celui qui en ferait et en saurait plus que le voisin !

Il faut bien reconnaître que le bien-être des poissons était une préoccupation secondaire, et que la réussite des reproductions était davantage vue comme une satisfaisante performance.

Bref, les valeurs en vogue dans ce milieu étaient assez caricaturalement « viriles ».

Mais, depuis une bonne vingtaine d’années, les femmes ont pris leur place et imposé une vision subtilement différente.
Ce n’est pas par hasard qu’elles ont été rapidement plus nombreuses parmi les passionné-es de Bettas. Un poisson seul, auquel on pouvait s’attacher ou donner un nom.

L’animal y a nettement gagné, puisque son individualité et sa sensibilité ont commencé à susciter davantage d’intérêt.

Le concours de celui qui a le plus gros filtre a laissé la place au plaisir d’avoir un beau poisson, heureux, dans un aquarium agréable.

L’aquariophilie naturelle aurait probablement été beaucoup plus lente à s’imposer sans les femmes. Souvent moins attachées à la technique ou à la performance comme un but en soi, elles ont plus facilement accepté l’idée que le plaisir du poisson lui assurait une bien meilleure santé que le seul respect de paramètres froids et analytiques.

Je suis convaincu que les poissons et leur cause ont beaucoup gagné à ce que l’aquariophilie devienne enfin plus mixte avec l’arrivée des femmes.

Celles que je croise dans les bourses aquariophiles n’ont généralement aucune leçon à recevoir sur les connaissances techniques, mais ont un discours qui va au-delà.

C’est le seul avantage de l’âge : pouvoir comparer aujourd’hui et la préhistoire. Et je trouve que c’est bien mieux aujourd’hui.

Un animal, ce n’est pas une simple suite de chiffres !

Merci donc aux aquariofilles !